les backstages de l’upcycling chez salut beauté

brenda <3 - 15/07/2021

upcycling salut beauté

Les beautés, faisons un rapide saut back in 2019 si vous le voulez bien. Le/la covid n’existait pas, les oiseaux chantaient et l’aventure salut beauté voyait tout juste le jour, avec aux manettes deux Brendas pleines de bonne volonté, pas hyper solides sur leurs appuis mais bien décidées à avancer, persuadées du potentiel de leur duo.

Ah, cette belle année 2019. Il faut savoir qu’à cette époque lointaine, l’upcycling était un concept certes fascinant, mais encore un peu flou. Si bien que, pour être tout à fait honnêtes avec vous les beautés, nous ne l’avions pas immédiatement envisagé lors de la création de salut beauté. Nous savions qu’il était primordial pour nous que notre projet soit aligné avec les problématiques sociales et environnementales de notre temps, mais très franchement nous ne savions pas comment et dans quelle mesure. 

upcycling salut beauté

Le salon Première Vision à Paris.

Nous nous sommes donc mises activement à la recherche de tissus « éco-responsables », whatever that means. On se souvient douloureusement de notre premier passage à Première Vision*, « pour voir », sans aucune connaissance du métier et du milieu. Même si nous en sommes ressorties bredouilles (i.e. délibérément ignorées et/ou envoyées paître par les exposants), cette journée fut toutefois révélatrice concernant l’étendue de notre ignorance. Le chemin restant à parcourir nous avait alors semblé vertigineux. Et il l’était.

la découverte

Au début, qu’on se le dise, la recherche de contacts et de partenaires peut s’avérer très compliquée, voire décourageante. Ceci étant dit, il faut se mettre dans leurs pompes : une « presque-marque » inconnue au bataillon les contacte, fleur au fusil, avec des quantités à produire ridicules et un nom à coucher dehors. 

Alors nous avons contacté, contacté, appelé, nous sommes faites ghoster, avons essuyé des refus, des portes au nez.

Un jour, nous contactons un fournisseur prometteur, à la pointe en terme d’éco-responsabilité, détenteur de tous les labels possibles et imaginables, qui nous répond - à notre grand désarroi - que ses minimums de commandes** sont fixés à 1000m. Ultime désillusion. Quand soudain :

Bonjour Mathilde,

J’ajoute en copie mon collègue en charge de la vente des fins de stock, qui reviendra rapidement vers vous.

Cordialement,

« Fins de quoi ? » 

Nous l’appelons pour comprendre et découvrons alors le pot aux roses : il s’agissait de surplus de production du fabricant en question, disponible donc immédiatement, en petits métrages. Une danse de la joie s’imposait. Il y avait donc un moyen de répondre à notre besoin, moyen qui se trouve être par dessus le marché le nec plus ultra de l’éco-responsabilité : i.e. aucune matière produite, récupération et revalorisation de surplus pré-produits, qui plus est avec une traçabilité totale et une assurance de qualité (car ce sont des tissus qui ont été produits par le fabricant en question, français et responsable). upcycling salut beauté

la suite

En creusant davantage, nous avons découvert que les marques avaient les mêmes problématiques et que des surplus étaient régulièrement produits puis inutilisés. C’est là qu’interviennent des revendeurs, qui récupèrent ces surplus et les revendent à d’autres acteurs, comme nous, par exemple.

upcycling salut beauté

Si l’on récapitule, les matières peuvent être récupérées à 3 endroits différents : directement chez les fabricants, directement chez les marques ou chez ces fameux revendeurs. Le challenge, à ce stade, a été de diversifier notre sourcing*** pour avoir accès à différents types de matières et avoir un plus large choix. 

Aujourd’hui, nous avons intégré cette gymnastique. Pour chaque nouvelle capsule, avec nos croquis sous le bras, nous partons en quête des tissus parfaits, qui correspondent à nos critères créatifs et qualitatifs. Ceci dit, encore aujourd’hui, nos fournisseurs privilégiés se comptent sur les doigts d’une main. Nous devons donc composer avec nos envies, notre exigence de qualité, ce qui est disponible et les modèles que nous avons en tête.

« c’est toi le pas scalable » 

L’entrepreneuriat, c’est aussi se prendre des portes. On vous plante le décor : passage devant un jury suite à une pré-sélection, homme, la quarantaine, start up nation vibe, regard fermé, dubitatif - agacé ? (on l'appellera Jean-Michel pour les besoins de la narration).

Avec Brenda on ne se démonte pas, on présente, do our thing : « The new uniform », le nouvel uniforme qui permet d’être stylée, sans effort, le tout avec des tissus issus de seconds circuits de production.

A la fin, Jean-Michel a l’air tout bonnement atterré, se tient le visage d’une main et nous dit : « ouais enfin, votre modèle, il est pas scalable ». C’était tout. Merci, au revoir. 

Seulement voilà : on avait vu. On avait vu ces entrepôts à perte de vue, la diversité, la richesse (et le volume !) qui existaient dans ce fameux second circuit. L’économie circulaire, elle était là, sous nos yeux, prête à l’emploi. Alors cela aurait voulu dire, qu’au nom de la « scalabilité », on devait ignorer cette réalité, la repousser d’un revers de main et faire comme tout le monde, continuer à produire, encore et encore ?

Nope. Not happening.

Et puis d'ailleurs, pourquoi ce modèle ne serait-il pas scalable ? Car on ne parle pas de bouts de tissus récupérés çà et là, mais bien de dizaines de milliers de mètres de tissus qui dorment dans des entrepôts. 

Alors ouais, pas scalable toi-même.

le modèle de la série limitée

dessin croquis salut beauté upcycling

Comment ça se passe, concrètement ? 
Retournons donc à Brenda & Brenda, leurs croquis sous le bras, qui écument les entrepôts, bien décidées à trouver le tissu de leurs rêves. Il se trouve que, coup de bol, elles tombent en amour devant un magnifique rouleau. Naturellement, la première question qui leur vient, c’est : « tu en as combien de mètres de celui-ci ? ». Et là, c’est la roulette. Il peut y en avoir 20m comme 2000m. Brenda transpire, une goutte perle à son front. 20 mètres, c’est un peu plus de 5 uniformes. Soit quasiment rien. 
upcycling salut beauté
L’enjeu est donc de pouvoir se procurer un métrage suffisant pour pouvoir produire un nombre de pièces qui ne soit pas absurde (sachant que développer une pièce pour finalement en fabriquer 5 exemplaires, c’est quand même sacrément frustrant). 
Si, excellente surprise, il se trouve qu’il reste 200 mètres de ce magnifique tissu hypothétique, il nous faut passer à l’action. En effet, le magnifique rouleau de laine fine rose pâle qui nous tape dans l’oeil, il est unique et ne restera potentiellement pas très longtemps dans les parages. autrement dit (bis), si nous le voulons, nous devons l’acheter tout de suite, sans plus attendre, sans quoi il est fort probable qu’il nous passe sous le nez. 
La pièce que nous fabriquerons à l’aide de ce tissu vous sera ensuite proposée en précommande, en édition limitée (autrement dit, jusqu’à épuisement du tissu en question).
Souvent, le tissu est intégralement consommé suite à la précommande, mais il arrive qu'il nous en reste quelques mètres. Dans ces cas-là, nous avons la possibilité de vous proposer un réassort (en précommande toujours, bien entendu).

La beauté de la chose, c’est que la pièce que vous avez shoppé, que vous shoppez ou que vous shopperez chez salut beauté est quasiment unique. Elle n’existe plus et n’existera plus jamais. Elle est l’aboutissement d’un long processus créatif et d’une recherche minutieuse. Elle est l’aboutissement de la passion d’êtres humains. Nous, en l'occurence.

Alors certes, certains soutiendront que passion, upcycling et business, scalabilité ne font pas bon ménage. But... does it really ? 

La suite au prochain épisode.
  
 
 
*Première Vision : salon annuel parisien où se rassemblent de nombreux fabricants de matières et fournitures. 
**minimum de commande : il s'agit d'un métrage minimum au-dessous duquel le fabricant n'accepte pas de produire car ce n'est pas suffisamment intéressant pour lui. Ces minimums sont en partie responsables des nombreux surplus, car cela poussent les marques à fabriquer plus de tissu que nécessaire.
***sourcing : recherche et approvisionnement en matières premières.